GRANDES ANTILLES Page précédente 7 Page suivante

Décembre 99 - Guadeloupe La machine à tout faire ou ... le parcours du combattant

Depuis septembre, je m'intéressai à la bête. Un modem SCS Pactor IIe, pour moi, la novice en radio, ça n'évoquait absolument rien. Grâce à lui et à notre blu, nous disposons maintenant d'une bal à bord. Ca ne vaut pas le confort d'une bal sous Outlook à la maison et ça ne rivalise pas non plus avec les systèmes satellites (enfin, ceux qui sont au point aujourd'hui) mais ça ne coûte pas le même prix ni à l'achat, ni à l'utilisation.

Se renseigner sur le système a été très coton et une travail de longue haleine. Pratiquement personne en France ne le connaît sauf nos copains Michel et Evelyne qui nous ont branchés sur le sujet ; il est principalement utilisé aux Etats-Unis et au Canada. Alors réunir des informations quand on navigue, sans mail, ni téléphone sous la main, sur un système qui doit marcher avec une radio japonaise disponible en France mais dont on dispose d'un modèle belge différent évidemment du modèle commercialisé en france, d'un modem conçu par des allemands, de providers "Radio-internet" américains et d'un logiciel de communication crée par un 4ème intervenant ! Rien ne disait qu'après avoir passé la commande à un fournisseur français, nous parviendrons à l'installer, le faire fonctionner pour enfin réussir à envoyer un mail.

Nous devons une fière chandelle à Alain, un ami de Charly et Renée, passionné de radio et de d'électronique qui a passé de nombreuses heures avec nous et dont la tenacité a payé. 6 jours à 3 h en moyenne de montage, démontage, réglage, mesure, soudure de fil, résistance, capacité, essai pour en venir à bout. Le système est lent, énergétivore et possède ses contraintes d'utilisation. Pour exemple, l'émission ou la réception d'un message de 2000 caractères mettra environ cinq minutes. Ceci suppose donc une connexion journalière pour ne pas laisser s'accumuler des messages. Voilà, voilà, je ne vous embête pas plus avec les détails techniques. Nous sommes très contents d'utiliser ce type d'appareil à bord et c'est bien le principal.

Décembre 1999 / Janvier 2000 - République Dominicaine Un petit détour extrême oriental

Nous sommes arrivés en République Dominicaine le 10 décembre. Cette date a correspondu avec l'établissement de l'alizé et le rafraîchissement de la température sur les Caraïbes. Nous avons ressorti les couettes ! Nous avons atterri au Sud ; l'objectif étant de pouvoir louer une voiture facilement afin d'aller chercher Goulven et Malo nous rejoignant pour un mois et aterrissant à Punta Cana. Punta Cana se situe sur la côte Est, au vent et malheureusement ne propose aucun mouillage qui nous aurait bien simplifié la vie. Au contraire, cette côte est inhospitalière au possible, avec ses rouleaux et sa houle dûs à une remontée du fond de 6000 à ... 30 m . De nombreuses épaves en témoignent. Des hôtels y sont cependant implantés (dont le Club Med) car les plages de cocotiers et de sable blanc sont belles et protegées par des barrières de coraux.

Les conditions de navigations en Rép Dom sont particulières. Pour se déplacer d'un endroit à un autre, il faut être en possession d'un despacho. Nous obtenons un despacho et un seul et c'est seulement arrivés à la prochaine destination que nous pourrons en demander un autre pour la destination suivante. Pour une destination hors de la circonscription, nous devons retourner au port d'entrée. Pas très pratique pour un voilier, tout ça ....

La Rép Dom nous a finalement bien plu. Les gens sont sympas, très cools. Les plages sont belles. L'eau est étonnament limpide à certains endroits, si transparente que l'on découvre sous l'eau une dimension supplémentaire. A Boca de Yuma dans le fameux et horrible canal de la Mona dont on se souviendra longtemps tant il nous a secoué, nous avons pu suivre een snorkeling et ceci pendant 10 minutes l'évolution d'une tortue. Instant assez magique. Les dominicains vivent en musique toute la journée. Il est très facile et folklo de voyager à l'intérieur du pays. Que ce soit en motoconcho, taximoto de 125 cm3 sur laquelle on monte à 3 pour 5 pesos par personne la course, en motoconcho à cariole que l'on trouve uniquement à Samana, en bus local petit ou moyen trajet où l'on s'entasse à 7 sur des rangs prévus pour 4 dans des routes défoncées ou des pistes, en bus longue distance dans lequel chaque arrêt est propice aux vendeurs ambulants qui s'y précipitent afin de vendre oranges, pâte au lait, gateau apéro, en barque poussée par un homme pour embarquer ou débarquer dans une zone à faible profondeur ou en bateau de traversée d'une rusticité sans pareil entre Sabana de la Mar et Samana, chaque voyage fut une expéditition à lui seul et l'occasion de cotoyer les dominicains et leur joie de vivre.

Si nous n'avons pas eu le loisir d'observer les baleines dans la baie de Samana, nous étions en avance par rapport à leur calendrier, nous avons eu la surprise de découvrir un site exceptionnel qui nous a transporté dans un autre monde, un paysage et une végétation inhabituels pour nous car ils ressemblent, paraît-il à ceux que l'on peut rencontrer en Extrême Orient dans la baie d'Along. Ce site complètement préservé et peu visité par les touristes s'appelle Los Haïtises. Autrefois, habitat des indiens taïnos, il mérite plus qu'un détour - une immersion de quelques jours voire plus. A ne rater sous aucun prétexte.

Janvier 2000 - Haïti Un voyage dans le temps

Notre séjour en Haïti fut bref, 10 jours mais fort en contacts humains et en émotion. Nous avons fait uniquement escale à l'île à Vache, une île sans eau courante, électricité ayant pour seul moyen de locomotion la voile ou le cheval. Sur cette île de 10 000 habitants, pas de médecin (seulement un dispensaire au village central de Madame Bernard), peu de puits (pas d'eau pour cuisiner, se laver, cultiver), des écoles sans moyen (le gouvernement ne subventionne rien), un très grand dénument et cependant une gentillesse de toute la population et un immense désir d'apprendre chez les enfants et les adolescents qui ne laisse forcément pas indifférent.

En mouillant en plein milieu du village de Cacoq, nous avons très rapidement fait la connaissance de nombreux jeunes. Ils venaient à notre bord grâce à leur bwa fyé, pirogues creusées dans des troncs de manguiers ou de gommiers, la langue française apprise à l'école et parlée par les plus âgés favorisant les contacts. Nous parlions aussi de nos amis français, Jean Loïc et Ginou de Popeye ou belges, René et Fabienne de Fare Nui qui ont passé plusieurs mois parmi la population et dont le retour est attendu avec impatience.

Aussi, dès le lendemain de notre arrivée, Wilheim nous baladera jusqu'à Trou Milieu, un mouillage voisin , nous assisterons au combat de coq à la gaguère avec Wagner, irons voir la construction du futur puits du village, grimperons jusqu'au point de vue. Le surlendemain, nous partirons de bon matin visiter l'école de nos petits protégés, Widelin, John et Janel situé à une demi-heure de marche de Cacoq (en chemin, je donnerai la main à 2 petits de tout juste 4 ans), passerons dans chaque classe féliciter les enfants de leur présence et les encourager à poursuivre le plus longtemps possible leur fréquentation de l'école malgré les sacrifices, discuterons avec le directeur de l'école, futur candidat à la mairie de l'île. L'après-midi, nous rendrons visite à la grand mère des uns, à la famille des autres. Le jeudi, nous ferons près de 2 heures de marche accompagnés par Wilness, Wagner et Jimmy pour aller au marché très typique, africain, de Madame Bernard. Y achèterons une machette pour essentiellement, l'ouverture des noix de cocos. Le retour se fera en bateau pays. Et ainsi de suite ....

Pendant ces 10 jours, ce fut d'incessantes socillitations, fatigantes bien sûr, mais combien enrichissantes. Une visite, une conversation, un échange, un cadeau, un achat, tout sera prétexte à faire plaisir. Ici, ce n'est pas compliqué, ils ont besoin de tout.