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Novembre 99 - Guadeloupe Une rivière particulière

La rivière salée sépare les 2 îles qui forment la Guadeloupe, à savoir, Grande Terre à l'Est et Basse Terre à l'Ouest. C'est un infime passage au milieu de la mangrove. Si on assimile la Guadeloupe à un papillon, la rivière salée en représente le corps. Emprunter la rivière salée permet à un plaisancier se trouvant à Pointe à Pitre et en partance vers les îles du Nord de ne pas contourner Basse Terre par le Sud ou Grande Terre par l'Est et lui évite ainsi un détour de près de 60 milles dans le premier cas, un peu moins dans le second. Une seule contrainte : le voilier doit posséder un tirant d'eau inférieur à 2 m.



La Guadeloupe et ses îles





Bien que nous partions, cap NNW au 300°, en direction de Punta Cana sur la côte Est de République Dominicaine, nous décidons d'emprunter la rivière salée, pour le fun. C'est très particulier, nous a-t-on dit ! à vivre ... Pour couronner le tout, il n'existe aucune carte où sont marquées les bouées de la partie Nord. Nous ne disposons que des informations que Bernard de Saint Martin nous a fournies. Merci à lui.



La rivière salée entre Basse Terre et Grande Terre





Fin prêts pour une nav de 4 jours, l'appro et les pleins de gazole et d'essence faits, nous quittons donc le mouillage de l'îlet Cochon pour celui situé juste près du pont de la Guabare. Nous nous sommes renseignés, par VHF sur le canal 12, auprès de la capitainerie de Pointe à Pitre. Le pont ouvrira demain, comme d'habitude, à 5 h pétantes.

Nous suivons le chenal bien balisé d'accès au pont.



Le chenal plus ou moins bien balisé !





Il fait beau, il y a du vent et nous sommes heureux d'aborder quelques jours de navigation au grand air, loin des moustiques, après ce mois passé en Guadeloupe. Nous regardons passer à notre babord un dinghy qui tracte le bateau de la rameuse américaine, Victoria Murden, qui vient de traverser l'Altlantique. Elle est arrivée samedi dernier à Pointe à Pitre après 2 mois et 1/2 d'efforts. Un véritable stage de survie sur une embarcation très équipée : un standard C, un mini-M, 2 balises, des panneaux solaires ...








Le fond diminue à 4 m, réaugmente puis brusquement passe à 1,90 m seulement. Nous sommes arrêtés dans la vase. Un petit coup d'oeil au Patuelli. Effectivement, il aurait mieux valu longer les bouées vertes. De plus, la cardinale sud, qui balise quelquechose qui à l'air plus dangeureux que la vase, est absente. Attention, la carte ci-dessous est fausse au niveau des couleurs, le rouge et le vert est à inverser. La cardinale Sud, en défaut, est celle indiquée est en haut de cette dernière ou en bas de la carte suivante. Chanceux, cette fois-ci, nous ressortons facilement et tâchons maintenant d'aligner correctement les bouées vertes. La marge est très réduite et les fonds inférieurs à 3 m.



Le 1er échouage au niveau de la saillie à 1,3 m





Nous arrivons au pont de la Gabarre. Le nuit tombe, les moustiques aussi. Nous nous coucherons tôt après avoir rêglé le réveil à 4h30.

- " Coin, coin, coin "
Mais quel est ce bruit bizarre, assez digne d'un jeu d'enfant, qui nous fait sourire ?

- " Réveil, réveil, réveil, le pont ouvre dans 1 minute, préparez vos manoeuvres. "

Nous mettons le moteur en route et relevons le mouillage.
Nous sommes les seuls à désirer passer ce matin.

- " Le pont s'ouvre, manoeuvrez"

Nous nous approchons un peu du pont. Le feu reste au rouge, nous devons faire marche arrière. Soudain, un bateau surgit en sens inverse. C'est un alu avec une bande jaune. Je reconnais Beniguet, l'Ovni 39 de Jacques. Nous nous croisons et échangeons un dernier salut avec son capitaine. Le feu passant au vert, nous nous engageons sous le pont.

On n'y voit pas plus que dans le ... d'un nègre. Je branche le projecteur au cas où. Les moustiques pullulent mais heureusement ne piquent pas. Ils ajoutent seulement un peu à la pointe de stress et d'énervement qui commence déjà à sourdre. C'est bon, ça à l'air tout droit. Nous progressons lentement. Les moustiques en profitent. Puis un élargissement et nous reconnaissons, à droite, le bout de la piste de l'aéroport du Raizet. Tentés tout d'abord d'aller à tribord, nous rebroussons chemin. Un coup de projecteur nous confirme notre erreur et nous obliquons légèrement à bâbord. Nous apercevons le nouveau pont. Il est 5h25. Pourquoi n'est-il pas ouvert ? Pourvu que nous ne restions pas coincés entre les 2 ponts au milieu de tous ces moustiques ! N'y tenant plus, je lance un appel à la VHF.

- " La Capitainerie de Pointe à Pitre pour Alfra II, La Capitainerie de Pointe à Pitre pour Alfra II. "
- " Alfra II pour la Capitainerie, je vous écoute ".
- " Bonjour, nous avons passé le pont de la Gabarre à 5 h et nous sommes devant le second pont. A quelle heure ouvre-t-il ? "
- " Entre 5 h moins le quart et 5 h "
- " Comment ça entre 5 h moins le quart et 5 h, comment fait-on pour sortir ? "
- " Je ne peux rien vous dire ....

A ce moment, Francis me signale qu'une barrière s'abaisse et que les voitures s'arrêtent.
- " C'est bon, le pont va s'ouvrir. Merci. Terminé."







Un coin mal pavé, véritable piège à cayes !



Les agences de location de voiliers basées en Guadeloupe vous interdisent pour la plupart l'accès de cette rivière. On comprendra ensuite pourquoi.