Un autre temps, un autre monde
Cacoq et ses habitants
Premières balades
Notre copain Wagner
Les marchés
L'école
La gaguère
Un autre temps, un autre monde
Pour accéder à l'île à Vache, 2 possibilités : le nord par le passage de la caye de l'est, le long du récif de la Folle où la carte indique plusieurs épaves ou plus simplement par le sud.
Nous choisissons la facilité, une fois n'est pas coutûme, et l'accès par le large passage du Sud.
Nous longeons les côtes de l'île à Vache, vallonnée et verdoyante ainsi que de belles plages de sable blanc, toutes désertes.
Des dizaines de petites barques de pêcheurs emplissent l'immense baie, toutes voiles dehors.
L'arrivée est prenante et éblouissante.
Nous débarquons dans un autre monde, un autre temps.
L'île à Vache est un des rares endroits des Caraïbes où la voile et le cheval reste les seuls moyens de transport.
Nous n'en doutons déjà plus.
Nous arrondissons largement la pointe ouest de l'île et entrons dans la première baie, la baie à Feret.
Nous évitons consciencieusement la marina Port Morgan, idylliquement installée dans l'anse à l'eau qui fût jadis un refuge de pirate, du célèbre Henry Morgan notamment.
Un couple de français, des sarthois, espèrent attirer des plaisanciers à dollars style américains de passage.
Leur altercation récente avec la population locale renforce notre idée de ne pas favoriser ce genre d'initiative.
Nous boycottons pour mouiller devant le village de Cacoq, face à l'église.
Cacoq et ses habitants
Dès notre arrivée au mouillage, de nombreux enfants ou adolescents nous rendent visite en bois fouillés (bwa fyé) .
Ces pirogues très véloces, sont creusées dans un tronc de manguiers ou de gommier.
Certaines sont même munis d'un gréement, voile réalisée dans un sac poubelle, et servent à la pêche.
Toutes prennent plus ou moins l'eau et gare à celui qui aurait oublier son écope.
Francis en testera la stabilité toute relative lors d'une baignade à la belle anse Dufour avec nos petits protégés et l'équipage de Popeye.
Nous connaîtrons ainsi et très rapidement Wihleim, Wilness, Wilnor, Wagner, John, James, Widelin, Janel, Felix, Maurice, Joseph, Bernard, Lionel, Bodelet, Boyer, Sanel ... et j'en oublie.
A noter que seuls les garçons sont venus nous voir.
Tous viennent nous souhaiter la bienvenue et discutent un peu ou beaucoup avec nous.
Ils nous mettent en garde devant les vols plus fréquents.
Ils nous conseillent de remonter notre moteur d'annexe, objet de convoitise et signe de richesse, chaque soir.
L'île à Vache, endroit isolé, sans poste de douane a un peu perdu de son calme et de sa tranquilité.
Elle n'est plus l'unique havre de paix de Haïti comme elle l'a été longtemps.
Nous aimons ce contact simple avec la population.
Ils viennent nous offrir des noix de cocos, des mangues, des bananes ou nous vendre oeuf, poisson.
Peu réclament ou s'ils le font, c'est surtout pour solliciter une petite graine, le médicament.
Les premiers jours, nous en distribuerons beaucoup.
La grippe sévit, il est vrai.
Nous achetons quelques petits oeufs de poulette à 1 gourde pièce.
En réalité, nous achetons peu mais donnons revues, bonbons, vêtements, boissons, gâteaux.
Premières balades
Nous montons sur le morne.
La vue sur la baie de Ferêt est splendide.
Le mouillage de l'anse à l'eau entouré de collines verdoyantes est bien protégé.
On pourra s'y réfugier gratuitement en cas de vent du Nord.
Sinon, il faudra débourser 6 US $ pour un corps mort.
La balade au coeur de l'île à Vache est un vrai régal.
Pas de téléphone, ni d'électricité (donc pas de ligne ni de poteau), pas de route (uniquement des chemins de randonnée non balisés), mais des kays chaulées aux couleurs vives ou pastel, toutes plus jolies les unes que les autres, ou des abris rudimentaires en paille de cocotier ou en bois tressé, au toit de chaume.
De plus, les îles à vachois sont très gentils et polis. Chaque rencontre est l'occasion d'un bonjour ou de quelques mots créoles.
- ki jan ou ye (comment allez-vous) ?
- M pa pi mal e ou menm (ça va et vous ) ?
- M pa pi mal e ou menm ?
La malnutrition est importante, et
malgré les aides internationales, le niveau de vie est un des
plus bas de la planète, la démographie est galopante,
l'hygiène est inconnue, l'éducation est absente, les
croyances et le vaudou sont au coeur de la vie des Haïtiens.
Haïti est un pays attachant
Les puits sont souvent pollués car les bêtes et les gens font
leurs besoins près du point d'eau.
Il y a des épidémies de choléra.
La terre est bonne mais il y a peu de pluie.
C'est la civilisation de la cueillette.
On ramasse les noix de coco, les mangues, les oranges, les bananes...
On ne cultive pas ou très peu, juste pour soi, pour survivre.
L'âme Haïtienne est attentiste et fataliste.
Le système éducatif
Dès le jour de notre arrivée à Cacoq, Widelin nous propose de visiter son école, l'école Baptiste de Castrat, situé à Trou Milieu.
2 jours plus tard, nous quittons le bateau tôt pour nous retrouver en compagnie des enfants sur le chemin de l'école situé à une bonne demi-heure de marche du village.
John et Widelin sont frères, ils ont respectivement 11 et 14 ans.
Janel est un copain, il a 14 ans.
Tous les 3 sont dans la même classe : le cours moyen 1ère année.
Très rapidement, d'autres enfants nous rejoignent et nous formons un bon petit groupe.
Je ne peux m'empêcher de prendre par la main 2 petits d'à peine 4 ans qui ne demandent pas mieux.
Tous, exceptés les plus petits, portent un uniforme.
Cet uniforme que l'on retrouve systématiquement dans toutes les îles des Antilles, même en Guadeloupe.
L'uniforme élimine, dit-on, les différences de richesse.
Ici, à l'île à Vache, c'est inutile, tout le monde est pauvre, lavi pas facil.
Il accroît les difficultés pécuniaires des parents qui ont souvent de 5 à 10 enfants à scolariser.
Le seul aspect positif de l'uniforme est qu'il est propre et que chacun en prend soin.
D'ailleurs, après l'école, chaque enfant rentre directement chez lui se changer et on ne voit jamais un enfant en uniforme en dehors du temps scolaire.
Cette école de 500 élèves est une école confessionnelle.
Elle débute à 8 h et finit à 13 h comme toutes les écoles de l'île.
Elle est supprimée les jours d'intempéries, c'est à dire quand la nuit a été pluvieuse ou orageuse.
Les périodes de vacances sont sensiblement les mêmes qu'en France.
En Haïti, trois types d'écoles cohabitent :
Les écoles nationales subventionnées par le gouvernement sont encadrées par des instituteurs issus pour la plupart des Ecoles Normales.
Elles sont en nombre insuffisants et quantité d'élèves sont refusés et les redoublants éliminés.
Les classes sont cependant très surchargées avec plus de 50 élèves.
Les écoles confessionnelles attirent beaucoup d'élèves parce qu'elles sont pour les parents un gage de bonne moralité. La qualité de ces écoles varie suivant le niveau d'engagement des églises qui les dirigent.
Les écoles privées fleurissent dans tout le pays, depuis l'école pour gosses de riches de Port-au-Prince jusqu'au hangar miséreux du fond de la campagne.
Ouvrir une école est une activité commerciale comme une autre.
Nous arrivons à l'école juste à l'heure pour les rangs et la prière.
8 niveaux de classe : 2 maternelles et 6 primaires se répartissant en 2 cours préparatoires, 2 cours élémentaires et 2 cours moyens.
Les classes sont herbergées dans 3 batiments insalubres.
En France, il y aurait belle lurette qu'ils seraient interdit car trop dangeureux.
Le batiment central, qui abrite les 2 cours élémentaires, est l'église prêtée par le curé.
Echéance de bon procédé, le dimanche, les bancs d'école sont prêtés au curé pour son office.
Le batiment, le plus petit, abrite les maternelles et le bureau de la direction.
Le 3ème bâtiment regroupe tous les autres cours.
Dans ces classes minuscules s'entassent plus d'une cinquantaine d'enfants.
Le mobilier est quasi inexistant.
Il n'y a pas d'affichage sur les murs.
Souvent à plus de 10 sur une petite rangée, ils ont tout juste une petite place pour écrire.
Certains ensurnombre n'en ont même pas et restent sur le pas de porte.
Les tableaux noirs sont si vieux que sur leur surface blanchâtre, la craie en devient pratiquement illisible.
Dans l'église, les 2 classes sont dans la même salle, sans séparation.
Dans le petit bâtiment des autres classes primaires de 15 m sur 5 maximum, les 250 enfants travaillent dans une cacophonie infernale.
Dans chaque classe, nous avons félicité et encouragé les enfants pour leur assiduité malgré, on s'en doute, beaucou de sacrifices.
Dans certaines, il nous a été difficile de nous faire entendre tant le bruit ambiant submergeait.
Il faut dire que la pédagogie est basée sur le "par coeur" et les élèves répètent tous en même temps ce que braille le maître.
Les maîtres ont trop souvent ont juste le niveau de l'école primaire et qui écrivent tout juste le français.
Les maîtres reçoivent de 250 gourdes par mois (moins de 90 F) à 1000 gourdes pour les diplômés, salaire bien inférieur à celui d'un ouvrier.
A ce prix, impossible d'être trop regardant sur la qualité de la prestation.
A partir du cours élementaire, les enfants qui apprennent le Français à l'école, comprennent le Français.
Mais au cours moyen, peu d'entre ne peuvent le parler.
L'enseignement est très loin de mériter cette appellation.
Les méthodes éducatives ne sont pas faites pour favoriser la réflexion et l'analyse.
Pourtant en Haïti, l'école est obligatoire et de plus, elle n'est pas gratuite.
Etant donné le niveau des revenus des parents et le nombre d'enfants par famille, de 5 à 10, bon nombre d'enfants ne peuvent en bénéficier.
Une année scolaire coûte environ 500 F (1500 gourdes) répartis comme suit :
425 gourdes - Frais d'écolage (salaire du maître et frais de fonctionnement)
800 gourdes - Livres et matériel scolaires
275 gourdes - Frais personnels (uniforme et chaussures)
Aide à l'écolage
Nos amis, Jean Loïc et Ginou, ont une action plus engagée envers l'île à Vache. Enseignants, partis l'an passé pour 3 ans de voyage à bord de leur maramu, Popeye, ils sont arrivés dès la première année à l'île à Vache. Ils sont tombés sous le charme, y ont passé 3 mois, ont acheté un petit terrain à Trou Milieu. Ils y reviennent cette année pour 3 mois également. Leur action auprès de leurs amis et correspondants français va permettre aujourd'hui de parrainer des enfants afin que ceux-ci puissent suivre une année de scolarité dont le coût est évalué à 500 F. Si vous avez du matériel scolaire à donner, si un parrainage ou une aide partielle vous tient à coeur, si vos armoires à médicaments sont prêtes à céder, ou pour toute autre bonne idée qui vous viendrait à l'esprit, je vous communique leurs emails : popoff44@hotmail.com et popoff44@globelsud.net. N'hésitez pas à les contacter en leur envoyant un mail aux 2 adresses simultanément.
Il serait bien sûr possible pour vous, sans aller jusqu'au parrainage, de participer selon vos possibilités aux frais de scolarisation de l'un des enfants.
Le marché de Madame Bernard
Sur l'île vit plus de 10 000 habitants, répartis en plusieurs village dont le principal est "Madame Bernard".
Son marché est très pittoresque les lundis et jeudis.
1500 $haïtien
15 jours de travail
De gros voiliers locaux en bois, bateaux pays, asssurent la liaison avec le grande île en transportant du fret et des passagers.
Le nercredi 26 Janvieur 2000
saufinou frannsis mauris aidir franssis qene veu resteu dans sole batau avaic wauu
si tu va a la vill des Cay qeulqeue jour mwa siveyeur le batau pour vou
mwa sait aufailen
ançe mairrsi ampil ampil
Gauudmonnig
Haïti est une plaque tournante du trafic de cocaïne vers les Etats-Unis.
Régulièrement, des bateaux équipés de puissants moteurs traversent de Colombie et débarquent leurs ballots sur l'île.
Sur certains points de la côte ou même à Caye à l'eau, des bateaux se sont fait agresser.
Débarquement
bateau/barque
Aux Cayes, troisième ville du pays,
peu de circulation
nous marchons à pied au milieu de la rue
Trotoirs assez larges
Beaucoup d'enseignes plus rigolottes les unes que les autres
quelques mendiants
les sens, le marché est grandiose, immense.
Notre copain, Wagner
Wagner TANIS
c/o Madame Gérard Russo
224 Rue Toussaint Louverture
LES CAYES
HAITI
La gaguère
Nous passons devant une paillote dans laquelle se déroulent des
combats de coq. Beaucoup d'hommes à l'intérieur, qui
boivent et fument. Tout autour, des femmes accroupies autour de feux
de charbon de bois font la cuisine, bananes pésées, poissons grillés.
Honneur, force virile et machisme sont les valeurs exaltées par les combats de coq.
Ce sport est une véritable institution.
A Cacoq, un des villages de l'île à Vache où vivent 500 personnes, ces combats se déroulent 2 fois par semaine, les mardis et les dimanches à la gaguère.
Il existe différentes sortes de gaguère, du mini-stade urbain bétonné aux gradins circulaires à la modeste arène en bois au toit de palme du village de campagne, les règles non écrites sont les mêmes.
Ici, à Cacoq, il y a 2 gaguères, l'arène en bois du mardi et celle en béton du dimache dont l'entrée est payante : 1 gourde pour les Haïtiens, 2 pour les blancs !
On y joue gros, plus de 100 gourdes (35 F), ce qui est énorme ici où il n'y a pas de travail.
Le coq de combat a un aspect arrogant et belliqueux : tête moyenne, oeil menançant, crête rouge, bec fort et recourbé, corps et ailes longs, plumes arrogantes, ergots développés, poids de 2,5 à 4 livres, chant sonore.
Les coqs sont répertoriés en fonction de leur race : les cyclones, les gouttes de lait,, les faisans, les turibines ... et la couleur de leur plumage dont il existe une grande variété de nuances.
Le jabado est blanc et le plus déprécié ; le talisayo est brun avec des plumes jaunes sur les ailes, l'indio est brun
De juin à octobre, période de mue, il y a moins de combats.
Le combat se déroule sous l'autorité d'un juge qui arbitre la partie et dédigne le vainqueur.
Les galleros et les coqs paradent dans l'arène jusqu'au sifflement qui marque le début du combat.
La lutte sanglante s'engage, sous les cris survoltés des spectateurs presque exclusivement masculins.
Après quelques escarmouches, les coqs s'attaquent franchement et sauvagement s'acharnant sur l'adversaire dès qu'il présente une faiblesse.
Les blessures portent de noms selon leur nature : le coup de vache est profond et mortel, blessure décisive de l'artère jugulaire, atteinte des pieds ou jambes ce qui provoque une hémorragie, le coup de sang affecte le poumon, l'oeil de tomate est unb coup dans l'oeil, un autre fait voler la victime, suite à un autre, le coq ne peut plus soutenir sa tête ou ne peut plus maintenir son équilibre.
Les paris se font au fur et à mesure de l'affrontement.
Ici, la parole est d'or est les paris sont scéllés d'une paoignée de mains ou d'un mot.
La tension monte.
Les encouragements ou les cris de désespoir pleuvent sur les combattants en un vacarme d'assoudissantes clameurs.
Le combat ne prendra fin qu'au bout de quinze minutes ou en cas d'abandon ou de mort d'un des adversaires.
Il y a de 5 à 7 combat dans une après-midi.
En fin de journée, tous les participants repartiront à l'issue des combats, les uns, la mine déconfite, ayant perdu ampil (beaucoup), d'autres plus chanceux satisfaits.
Certains repartent avec un coa blessé sous le bras, d'autres portent encore fièrement l'instrument de leur nouvelle richesse (s'ils avaient parié gros sur leurs coqs).
Tous se retrouveront la semaine suivante, autour de l'arène pour de nouvelles émotions.